Hier soir, j’ai combattu l’un de mes plus grands préjugés : les matchs d’improvisations. J’ai toujours trouvé cela pourri en me demandant pourquoi les participants s’entêtent à se ridiculiser. Tous les matchs auxquels j’ai assisté dans ma vie m’ont laissé complètement indifférent. J’ai souvent été sollicité pour participer à des matchs d’improvisations et j’ai refusé le même nombre de fois. Je ressens un malaise, voir une gêne, pour ne pas dire de la pitié pour les gens qui se sacrifient sur la scène à tenter de divertir les autres. Je trouve ça quétaine et nerds d’aimer l’impro.
Durant mon CEGEP, c’était toujours les ‘’rejets’’ qui faisaient de l’impro. C’était des gens qui voulaient, mais qui n’avaient pas de talent, pas un bon sens de l’humour, qui n’avaient pas le sens du spectacle. Le cas typique d’artiste en herbe qui n’iront nulle part. (jugement sévère...mais vrai). La seule chose que j’admirais d’eux était leur courage de se foutre d’eux-mêmes devant tous le monde !
Étant quelqu’un de spontané doté d’un certain sens de l’humour, je me suis déjà laissé convaincre par un ami de l’accompagné au premier ‘’camp d’entraînement’’ de cette équipe d’impro. 15 minutes et 0 participation plus tard, je me suis auto-retranché. En plus, l’animateur était un mec de théâtre ultra-extraverti qui me tapait royalement sur les nerfs.
Élise, une collègue de travail et amie, m’a invité à aller voir un match de la Ligue Nationale D’Impro hier au Medley sur St-Catherine. Le boss d’où je travail possède quatre billets de saison et les offraient à quiconque les voulaient. Je refusai l’invitation net en citant mes réticences par rapport à l’impro et bla bla bla, ceci cela.
- Élise : Allez allez !
- Moi : Non non !
- Élise : ‘’Jérémy (mon coloc et collègue) et ma copine vont venir, tu vas voir c’est une belle croate québécoise et il y a même un bar !...’’
- Moi : Ah ouais un bar ? bon...
Je fini par accepter en me disant que, après tout, je verrais c’est quoi un vrai match d’impro. Au pire des pires, c’était une bonne raison pour m’enfiler quelques rhum&coke sans trop me sentir coupable. Et la croate...une petite opération séduction en vue... pourquoi pas ? Ce oui se voulait en même temp la dernière chance que je donnais à cette activité visiblement très populaire de me convaincre de l’aimer. Élise me donne donc rendez-vous à l’Enchanteur coin Henri-Julien et De Castelneau
Ce jour-là, il y avait Yvan Ponton au stade qui jouait au tennis avec Jérémy (allez, foutez-vous de ma gueule, mais c’est vrai). Pour ceux qui ne le savent pas, Yvan Ponton est un arbitre de la LNI et m’annonce que j’allais tripper comme au Centre Bell et tout. Dans ma tête, je me suis dit ‘’ouais c’est ça’’... mais je lui répond ‘’Sans aucun doute !’’ Je lance ensuite à Jérémy que je passerai le chercher à 6h15 après sa session pour aller rejoindre les filles.
Ponctuel comme je suis, j’arrive à 6h30 au stade et Jérémy est évidemment prêt, on se rend donc précipitamment à l’Enchanteur (sympa petit café en passant). Élise est là avec son amie à boire leur deuxième café... La croate est finalement une néo-hippie un peu trop zen à mon goût... j’abandonne assez rapidemnent la portion séduction de la soirée. Après que les filles eut terminé leur café, nous nous dirigeons au Medley par métro. Une fois arrivé sur place, premier pépin : Mon boss avait en fait 2 billets de saisons et non 4... et c’est sold-out. Je ne me vois pas du tout payer 17$ pour assister à un match d’impro ! Toutefois, Élise pousse la note un peu et le responsable accepte gentiment de nous donner deux autres billets gratuitement... il connait notre boss qui jouit d’une bonne notoriété et ne fait pas une histoire avec ça. Il nous dégotte même une table aux abords de la ‘’patinoire’’ derrière le banc des joueurs. En chemin, je me commande mon premier rhum&coke et je m’installe à notre table.
Dans le match, il y a Réal Bossé, Patrice L’Écuyer, Jean-François Paré et d’autre acteurs dont je ne connais pas les noms. Il y a une ambiance de fête assez survolté ! Le match commençe... et bordel ! Ça a absolument rien à voir avec les impros que j’avais vue avant. On voit bien que ce sont des professionnels et j’ai peine à croire que c’est de l’improvisation. Mais bon, Je me garde toutefois une gêne par orgueil de ne pas rendre Élise satisfaite. Mais au fur et à mesure que le match progresse, je me rend compte que je commence quasiment à trouver cela divertissant. Les rhum&coke se succèdent aux rythmes des rires. À part quelques impros comme-ci comme-ca, le match a du rythme et la foule est vraiment dedans. Il y a un gars qui joue de la guitare et de l’orgue en guise de DJ entre les impros et il fait bien sa job, on se sentirait presque à un match de hockey, presque au Centre Bell comme dirait Yvan ! Ce J-F Paré me fait bien rire, Réal Bossé s’en tire bien aussi. Élise m’esquisse un sourire chaque fois que je me marre... et après la deuxième période, l’équipe à Bossé et L’Écuyer mène 6 à 2. La troisième période se met en branle en même temps qu’un énième rhum&coke. J-F Paré et son équipe sont en feu et remonte la pente, je me sens presque pris à leur cause et je vote systématiquement avec mon carton orange pour leur équipe qui l’emportera finalement 9-7.
Le match est terminé, le bar est fermé, c’est le temp de foutre le camp. Le type qui nous a donné les deux billets vient nous voir pendant qu’on enfilent nos manteaux pour nous demander si on connaîtraient pas du monde pour être bénévole la semaine suivante... Élise saute sur l’occasion et tente même de me convaincre ! Mais le bénévolat... sans salaire... à l’impro en plus ! Je ne crois pas que je suis rendu là dans mon cheminement...
On a terminé la soirée aux foufounes électriques le temps de deux ou trois derniers drinks. Ce fut une belle soirée de découverte et une autre perspective de l’impro qui a un peu retrouvé ses lettres de noblesses dans ma tête. Merci Élise, Bavo Réal, Bravo J-F Paré... et merci à la barmaid top-canon du Medley qui m’a fait découvrir un rhum cubain dont j’oublie malheureusement le nom.
Cette soirée d’impro m’a t’elle rendu quétaine ? Suis-je devenu un nerds ? ou était-ce une leçon d’humilité ? À vous d’en juger...
