Saturday, March 08, 2008

Le Tunnel

- Olivier ?
- Oui
- Tu peux passer chez ma cousine avant de monter ? Elle a des papiers pour mon père.
- Ta petite cousine là ? Ça fait un bail que je l’ai pas vue ! Donne moi l’adresse.

J’arrive et elle m’ouvre, me regarde timidement et se dirige au salon en replaçant ses cheveux derrière ses oreilles.

Ses yeux bleu ciel sont partiellement caché par une paupière tombante. Elle ne porte pas de maquillage, pas d’élastique dans les cheveux, qu’une simple camisole blanche et une mini-jupe en jeans. Ses pieds sont dénudés et elle se déplace très lentement, la tête basse. Un chien ridiculement maigre et peureux me renifle les pieds. Je ne le regarde pas, mon attention est accroché à elle. Elle ressemble énormément à sa cousine, en version trash. Une beauté inhibée perdu au détour d’une adolescence crochu. Elle a oublié.

D’une voix ralenti, sans me regarder, elle me demande doucement de la suivre au salon.

Lorsque je bouge, le chien me regarde, jappe et recule défensivement. Il semble vouloir protéger sa maîtresse. Elle lui crie d’arrêter, il continue quand même de japper. L’appartement semble propre, le plancher est en bois et des boîtes jonchent les murs. Elle vient visiblement d’emménager, une odeur de détergent flotte dans l’air.

Nous arrivons au salon, son chien me précède et jappe toujours sans cesse. À peine entrée, un pied vient le frapper sèchement au flanc droit, il se tût immédiatement en se terrant au coin du salon, la queue entre le pattes. Je lève les yeux vers l’agresseur, c’est un jeune homme fétiche, cheveux long, habillé en noir, allure désinvolte et peu soigné. Il fume une cigarette. J’en déduit que c’est son amoureux. Il est beaucoup plus âgé qu’elle. Deux autres gars l'accompagne et une fille qui ne semble pas en point, ça doit faire 3 mois qu'elle a pas dormie.

Sur la table du salon se mêlent papier à rouler, balance, bout de paille coupé, ciseau, bouteille de plastique coupé en deux, paquet de cigarette et corps mort de 1,18 L de Colt 45. C’est un beau tableau pour un dimanche après-midi.

Elle cherche dans une boîte, personne ne me parle, je n'existe pas. Il y a seulement le bruit d’un fond de télé, un film d’action traduit avec la voix de Yves Corbeil. Elle me remet les papiers, je ne traìne pas, je sens bien que je ne cadre pas. Je m'en fou, je n'en suis plus là. Cette ambiance est lourde, un genre de déprime humaine qui accompagne les lendemains de pilules. Elle m’a oublié, elle ne sait plus qui je suis, elle se réveillera plus tard, au bout du tunnel.

5 Comments:

At 8:58 PM, Blogger cdn said...

et pis ? Ça fait du bien à ton clavier ?
Moi, j'aime ça. Toi?
Continue ;)

 
At 6:40 PM, Blogger Num said...

J'ai une ex qui est virée comme ça...

Le pire, c'est quand elle me regardait l'air de me dire: "Toi, tu peux pas comprendre..." Comme si elle vivit dans un monde merveilleux !

Certainement que je ne peux pas ! C'est tellement triste de voir les gens se détruire comme ça...

 
At 5:49 PM, Anonymous Anonymous said...

Cest bon O, técris bien, un jour jte ferai lire les miens...
ema xx

 
At 12:41 PM, Anonymous waiter said...

I sure wish i could understand this blog, I would read it more. Until then i will just look at the pics.

 
At 4:41 PM, Blogger Olivier said...

Tes textes sont super Ema, j'ai pu les lires de par ta tante qui les refilais à mon père en douce. Même si tu n'as jamais pu le savoir... tu avais un fan anonyme ;) On se reverra un jour, j'en suis sûr. Je ne t'oublierai jamais, repose toi bien.

Olivier xxxx

 

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