Aucun complexe
Il y a eu du monde au resto en quantité, incluant à mon bar. De plus, le jeudi, c’est sushi. Et en contrée éloignée, c’est une fois par semaine, alors ça coûte cher. Mais le meilleur, c’est que tout ce beau monde a mangé et est partis, ce qui fait que j’ai fermé mon bar à 11h15 tout en faisant mon argent. Chose hors du commun comparativement à mes soirées qui se termine régulièrement aux petites heures du matin. J’en ai donc profité pour appeler quelques amis pour une soirée porte close. Finalement, il n’y a que mon ami Shafty qui s’est présenté. (Croyez-moi quand même lorsque je vous dis que je suis populaire)
Quoi qu’il en soit, quand il est arrivé, un collègue et moi étions bien ronds. On a donc continué à s’enligner quelques Corona et des Moretti. C’est par la suite que la soirée a réellement commencée.
Shafty et moi avons décidé, pour faire changement, d’aller dans un bar que nous n’avions jamais visité. En marchant au centre-ville, on a entendu une voix de type Karaoké émanant du Vieux Kingsville. On a échangé un regard approbateur en riant et nous nous y sommes dirigés. Ce bar caractériel de mon coin demeurait un mystère à mes yeux. Il est situé en plein centre-ville, près des autres bars ''populaires'', et pratiquement inconnu par ma génération. Je n’y avais personnellement jamais mis les pieds malgré 1000 et une sortie à arpenter notre apathique centre-ville. Le jour J était arrivé.
Nous entrons à l’intérieur, il y a une douzaine de clients. Il y en a pour tout les goûts : de 25 à 75 ans. Il y a tout d’abord une vieille dame accoudé au bar devant une grosse Black Label, personne ne lui parle. Un peu plus loin, il y une jeune femme de 35 ans qui se fait faire la cours par 3 hommes d’une cinquantaine d’années, elle semble apprécier. Au milieu de tout cela, une délicate jeune fille à peine plus vieille que moi chante. Elle contraste avec le reste du bar.
Shafty et moi nous accoudons à notre tour à l’extrémité du bar et commandons deux grosses Black Label question « d’être dans la gang ». La jeune fille invite quiconque à y aller d’une ronde de Karaoké. Évidemment, Shafty et moi déclinons l’invitation tout de go. Mais elle s'en fou, elle va seulement en chanter une autre. Son rêve est probablemnet de devenir une chanteuse de carrière… mais pour l’instant elle se contente de Karaoké au Vieux Kingsville.
L’un des hommes en pleine action de séduction fini par accepter l’invitation et se dirige au micro pour nous interpréter un classique… et pas n’importe lequel : The Platters – Only you.
La musique débute et il bouge langoureusement autour de sa proie. Il chante réellement mal, mais il se prend pour Don Juan. Il ne souffre d’aucun complexe. De geste lent et charmeur, il s’approche de la dame et lui chante à l’oreille "Only you… can make the darkness bright".. tourne deux fois sur lui même "Only you… and you alone… Can thrill me like you do" il l’a repousse et l’a ramène vers lui tendrement "And fill my heart… with love for only you".
Il devient ainsi, officiellement, le pire chanteur qu’il m’aura été donné de voir jusqu’à aujourd’hui.
Durant ce temps, la vieille dame au coin du bar jette des regards furtifs vers le couple en devenir. Sa présence est intrigante, il est tout de même 2h30 du matin. Nous demandons donc à la barmaid qui elle est. Elle nous informe avec stupéfaction qu’elle est la mère de la dame sur la piste de danse. « Chaque fois que sa fille sort, la mère suit. » Cette femme réédite la définition de mère-poule. Ma mère est soudainnement vraiment cool.
La jeune fille du karaoké vient s’accouder à nos côtés, je la salut et entame la discussion avec elle. Elle m’informe qu’elle s’occupe du karaoké tout les jeudis et que c’est son meilleur moment de la semaine. Je lui demande si elle fait autre chose dans la vie et me répond que non.
- Je reçois une compensation pour invalidité… je ne peux pas travailler.
- Ah ouais ? d’accord.
- ...
- ...
- ... et pourquoi ?
- J’ai la maladie de crohn
- Tu peux m’expliquer ?
- C’est ça, j’ai 45 cm d’intestin.
Quoi qu’il en soit, quand il est arrivé, un collègue et moi étions bien ronds. On a donc continué à s’enligner quelques Corona et des Moretti. C’est par la suite que la soirée a réellement commencée.
Shafty et moi avons décidé, pour faire changement, d’aller dans un bar que nous n’avions jamais visité. En marchant au centre-ville, on a entendu une voix de type Karaoké émanant du Vieux Kingsville. On a échangé un regard approbateur en riant et nous nous y sommes dirigés. Ce bar caractériel de mon coin demeurait un mystère à mes yeux. Il est situé en plein centre-ville, près des autres bars ''populaires'', et pratiquement inconnu par ma génération. Je n’y avais personnellement jamais mis les pieds malgré 1000 et une sortie à arpenter notre apathique centre-ville. Le jour J était arrivé.
Nous entrons à l’intérieur, il y a une douzaine de clients. Il y en a pour tout les goûts : de 25 à 75 ans. Il y a tout d’abord une vieille dame accoudé au bar devant une grosse Black Label, personne ne lui parle. Un peu plus loin, il y une jeune femme de 35 ans qui se fait faire la cours par 3 hommes d’une cinquantaine d’années, elle semble apprécier. Au milieu de tout cela, une délicate jeune fille à peine plus vieille que moi chante. Elle contraste avec le reste du bar.
Shafty et moi nous accoudons à notre tour à l’extrémité du bar et commandons deux grosses Black Label question « d’être dans la gang ». La jeune fille invite quiconque à y aller d’une ronde de Karaoké. Évidemment, Shafty et moi déclinons l’invitation tout de go. Mais elle s'en fou, elle va seulement en chanter une autre. Son rêve est probablemnet de devenir une chanteuse de carrière… mais pour l’instant elle se contente de Karaoké au Vieux Kingsville.
L’un des hommes en pleine action de séduction fini par accepter l’invitation et se dirige au micro pour nous interpréter un classique… et pas n’importe lequel : The Platters – Only you.
La musique débute et il bouge langoureusement autour de sa proie. Il chante réellement mal, mais il se prend pour Don Juan. Il ne souffre d’aucun complexe. De geste lent et charmeur, il s’approche de la dame et lui chante à l’oreille "Only you… can make the darkness bright".. tourne deux fois sur lui même "Only you… and you alone… Can thrill me like you do" il l’a repousse et l’a ramène vers lui tendrement "And fill my heart… with love for only you".
Il devient ainsi, officiellement, le pire chanteur qu’il m’aura été donné de voir jusqu’à aujourd’hui.
Durant ce temps, la vieille dame au coin du bar jette des regards furtifs vers le couple en devenir. Sa présence est intrigante, il est tout de même 2h30 du matin. Nous demandons donc à la barmaid qui elle est. Elle nous informe avec stupéfaction qu’elle est la mère de la dame sur la piste de danse. « Chaque fois que sa fille sort, la mère suit. » Cette femme réédite la définition de mère-poule. Ma mère est soudainnement vraiment cool.
La jeune fille du karaoké vient s’accouder à nos côtés, je la salut et entame la discussion avec elle. Elle m’informe qu’elle s’occupe du karaoké tout les jeudis et que c’est son meilleur moment de la semaine. Je lui demande si elle fait autre chose dans la vie et me répond que non.
- Je reçois une compensation pour invalidité… je ne peux pas travailler.
- Ah ouais ? d’accord.
- ...
- ...
- ... et pourquoi ?
- J’ai la maladie de crohn
- Tu peux m’expliquer ?
- C’est ça, j’ai 45 cm d’intestin.
- ...
- ...
- Ok, c'est cool.
Elle se relève et retourne à son micro pour donner son last-call alors que je me demande si il existait une réponse plus intellgente que ''Ok, c'est cool''. Je ne trouve pas. Le lauréat du prix du pire chanteur aura été le seul autre qu’elle à interpréter une chanson. Je crois que ça ne la dérange pas, elle veut seulement chanter devant des gens.
Shafty et moi terminons la soirée avec 2 stingers. Ça a beau être le Vieux Kingsville. Les prix demeurent très actuels avec un 9,00$ par verre. Pour une taverne du genre, on peut dire qu’elle non plus, ne souffre d’aucun complexe.
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Photo : Jean-Luc Barmaverain.
4 Comments:
Salut Olivier enchanté de faire ta connaissance.
Gggggg.... des stingers... Les derniers que j'ai bus m'ont rendue tellement malade que juste l'odeur de la crème de menthe, encore aujourd'hui, fait faire des cabrioles à mon estomac qui en a pourtant vu d'autres!
T'as encore la même «twist» dans ton écriture! Merci pour le sourire!
Salut Olivier!
C'est quoi le nom de ton bar?
Merci
Sou
Salut Sou,
Je n'y travail plus, je suis maintenant à un autre endroit à cause de l'université ... et non, on n'y joue pas au poker à ni un ni l'autre;)
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