Il est minuit et je suis en route vers Montréal. Je repense au magnifique week-end que je viens de passer chez moi, dans ma ville natale. L'été commence à se poindre et j'ai pu profiter d'un premier après-midi sur les rives du Grand Lac St-François avec les pot.
J'entre dans le tunnel L-H Lafontaine. Pour moi, c'est signe que ma semaine débute, c'est le retour au boulot pour une semaine. Je recommence donc à penser à ma vie Montréalaise. Inévitablement, mes pensées divagues rapidement vers ma coloc Caroline.
Dans quel état sera mon appartement ? Surtout que Awa n'est plus là.
Chaque fois que je quitte, je sais qu'elle viendra faire son tour durant mon absence pour se farcir mon frigo et mon garde-manger.... sans ménage. Je n'attend plus que le bon moment pour lui prendre ses clefs et la foutre à la porte, c'est pas évident comme situation, surtout quand elle paie le même prix que toi. Je tourne le coin de ma rue et il y a une belle place de stationnement qui n'attend que moi tout juste en face de chez moi.
J'entreprend la semaine du bon pied avec un parking en parallèle qui, pour une rare fois, est bien réussi. Mon expérience de conducteur à Montréal commence à rapporter des dividentes.
Je sors de la voiture, fier comme un pan, en espérant qu'une voisine ou deux m'aie vue... mais non.
Comme j'ai pris l'habitude depuis qu'elle habite chez moi, je monte sans mes sacs une première fois question d'évaluer la situation. Je monte les escaliers du hall menant à mon appartement et l'anxiété augmente à chaque marche, je ne veux pas voir ce qui m'attend de l'autre côté. Je sais que si elle est passée, la tâche de ménage s'annonce colossale.
Pour ceux qui me connaisse, c'est la mort.
J'insère la clef dans la serrure et je tourne, la porte s'ouvre tranquillement et comme je le craignais... c'est le bordel. Il y a des miettes de un peu n'importe quoi sur le sol, le lait est sur le comptoir bien ouvert et il y a cette étrange odeur d'humidité, de renfermé.
Pourtant les fenêtres sont bien grande ouverte.
J'entre dans mon appartement, la porte de chambre de Caroline est ouverte et elle n'est pas là. Ce n'est pas surprenant, elle ne vient pratiquemment que les week-ends quand je n'y suis pas.
Au moment où je met les pieds sur le sol, je réalise que mes souliers font un bruit de succion et il ne pleut pas dehors. Je me penche alors et je touche le sol qui est bien humide.
Il est 1h du matin, je n'ai pas le temps ni le courage de ramassé son bordel, cela devra attendre à demain. Je meurs de fatigue et je ne pense qu'à aller me brosser les dents et me coucher.
Je rentre tout mes sacs dans l'appartement que je ne prend même pas le temps de les défaires. Je prends tout de même le temps de vérifier mes messages sur mon répondeur. Il y a une message d'une infirmière en psychiatrie qui demande Caroline. Je suis heureux de constater qu'elle a bien appeler au numero que je lui avais donner pour se soigner.
je vais à la salle de bain pour me brosser les dents. La porte est close, je l'ouvre et je remarque d'abord les cernes jaunes partout sur le sol, et toujours cette forte odeur d'humidité, encore plus présente.
Le sol est plaqué de cerne jaune et la toilette est complètement souillé. Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Comment peut-on foutre le bordel à ce point en une seule visite ?
C'est alors que j'entend des clapotis suivi d'un gémissement à peine audible.
- Caroline ? Aucune réponse.
J'attrape le rideau et elle est là, dans un bain à moitié plein, en sous-vêtement et elle grelotte légèrement.
- Merde Caroline, que fais-tu là, depuis combien de temps tu es là ? Évidemment aucune réponse autre que ce regard vide, sans vie.
Je l'attrappe et est elle est froide, flasque, complètement molle, lourde. Je tente de la soulever et j'y arrive tant bien que mal. Ça semble pourtant si facile dans les films. Je donne un coup de pied dans la porte et je l'apporte jusqu'à son lit. On dirait que mes bras vont flancher, elle est glissante et je suis maintenant tout trempé. Je prend une grande couverture et je lui donne, elle s'enrobe dedans.
Elle se réveille peu à peu et elle tient un discours peu cohérant. J'y suis habitué.
Je prend le numero laissé par l'infirmière sur le répondeur et je le griffonne sur un papier. Je le laisse sur le bureau de Caroline en lui disant d'appeler à ce numero demain matin à la première heure. Elle prend beaucoup de temps à comprendre ce que je lui dis, je me dois de répéter à de nombreuses reprises en utilisant de courte phrase, précise. Sinon, elle se perd rapidement.
Je décide de la laisser et d'aller me coucher. De toute façon, elle semble très fatigué, mais je doute qu'elle dorme. Je ne peux pas faire grand chose pour elle, je ne suis pas sa mère, je ne connais même pas son nom de famille. Elle est seulement aboutit chez moi au beau milieu de la nuit, repêché dans le métro par un mec avide d'argent qui lui a louer une chambre. (c'est ça les co-locations, tu ne peux rien y faire)
Je pars donc me coucher et je m'endors immédiatement.
...ZZzzZzZzZzZZZzZZZz...
Je me réveil tranquillement en réalisant que j'ai encore une fois oublié d'enlever mes lentilles qui m'ont sévèrement asséchés les yeux.
La deuxième chose que je réalise en me levant est que l'appartement est un véritable bordel et... aucune trace de Caroline. Elle est partit en laissant derrière elle le numéro de l'infirmière sur son bureau.
Je soupir tranquillement en regardant le plafond... je me brosse les dents... et quitte pour le boulot.